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Manger local ? Manger Bio ?

Dernière mise à jour : 14 mars 2022


Ah la grande question souvent posée !! Difficile de trancher tant les enjeux sont multiples et imbriqués. Il faut dire que chaque système dispose de ses arguments et qu'à force, on ne sait plus à quel Saint se vouer.

Mais si finalement, ce n'était que l'avers et le revers d'une même médaille : celle de manger mieux et responsable. On vous livre ici nos réflexions et nous sommes intéressés à recevoir les vôtres.


Déjà quelques chiffres pour situer le débat : l’agriculture biologique représente 7,5% des surfaces cultivées en France[1]. Les circuits courts et locaux représentaient en 2015 quant à eux 6% des achats alimentaires[2].

Autant dire que ce n’est pas Byzance (alors que l’ampleur du débat public pourrait suggérer l’inverse). Première conclusion claire : quelque soit le choix, il reste du pain sur la planche !




Manger local, pour retrouver goût et saveur, et soutenir sa région

Manger local, c’est se reconnecter au rythme des saisons : point de tomates en janvier ou de potimarron en juin ! En consommant local, on se donne du temps, on (ré)introduit une certaine lenteur dans notre quotidien, conjuguée au plaisir de l’attente gourmande et enfantine. Celle qui nous fait frémir d’impatience de voir arriver avril et les asperges, juin et les cerises, octobre et les poires comices. C’est également lutter contre une uniformisation du goût en mettant en valeur savoir-faire et modes de production locaux.

Avec une conséquence louable : renouer avec des aliments qui ont du goût parce qu’à eux aussi on leur a donné du temps. Celui de pousser.


Acheter local c’est aussi un soutien direct à notre économie. Hé oui, il faut bien des hommes et des femmes pour les produire ces aliments ! En mangeant local, on s’alimente mutuellement : nous on reçoit de bons produits, les producteurs reçoivent un revenu décent.

Mais pas que. On recrée des liens humains : on mange les poires de Grégorio, les blettes Bio de Fanou, les patates douces de Nadine. Bref, on met un visage, une histoire derrière un produit et on en sort libéré de l’anonymat déshumanisant et insipide de la consommation de masse.


En revanche, on entend souvent que manger local est une garantie environnementale.

Spontanément, on a envie de dire oui, trois fois oui … sauf que le sujet n’est pas si tranché que cela. D’une part, il y a la question du transport. L’acheminement par bateau et container émet bien moins de CO2 que celui par camion. Il permet également, tout comme le transport routier de masse, de déplacer de grandes quantités de marchandise et donc de réduire les émissions de gaz à effet de serre par kg de produit transporté [3]


Et surtout, acheter local ne garantit pas un mode de production. Contrairement aux labels biologiques.



Manger bio, pour préserver l’environnement

C’est la grande force des labels Bio : avoir établi des cahiers des charges et un système réglementé contrôlant l’impact environnemental des modes de production et de transformation.


Cependant, si les labels Bio garantissent un mode de production qui préserve l’environnement, ne confondons pas, ils ne garantissent aucunement goût et saveur. D’une part, parce que ce n’est pas leur ADN (la garantie du goût, c’est l’ADN Label rouge, qui sollicite des jurys d’experts et des dégustations à l’aveugle pour l’obtention du label : si votre produit ne passe pas le test à l’aveugle, eh bien vous repasserez au prochain tour pour l’obtention du label …).


D’autre part, parce qu’on se doute bien que les tomates bio d’Argentine, récoltées à peine rouges deux semaines avant d’arriver chez nous, ne feront jamais le poids gustativement avec celles récoltées à maturité le lundi pour être mises en vente le mardi et dégustées le mercredi.

Ils ne sont pas non plus une garantie sociale, là où les produits locaux peuvent tendre à l’être puisque soumis au respect du droit du travail français. Il suffit de regarder les reportages alarmants des journalistes et ONG sur les conditions de production dans les serres biologiques de l’Andalousie pour s’en convaincre[4].


Enfin, comme toujours, tout système établi a pour corollaire des dérives. Que ce soit dans ses pratiques directes (les pionniers de la Bio dénoncent des conversions en masse pour bénéficier des subventions), ou dans des pratiques indirectes (les centrales d’achat Bio existent et peuvent reproduire les fonctionnements des centrales d’achat traditionnelles).


Voilà les questions que l’on a considérées en créant le Comptoir d’Anselme et qui finalement ne sont pas tranchées. L'idéal serait de cumuler les deux nous direz-vous ... mais ce n'est pas si simple ma brave Lucette (on vous en parle dans un prochain article) !

Dans les deux cas, il s’agit d’une démarche éclairée, qui se construit au quotidien et en nuance pour tendre vers un manger bien et responsable. Et qui surtout vient nourrir le plaisir simple d’un bon repas partagé :)


C'est pas nous qui le disons, mais des autorités éclairées ! :

[1] Ministère de l’agriculture, juin 2019

[2] Rapport parlementaire de Mme la Députée Brigitte Allain, juillet 2015

[3] ADEME, juin 2017